En exil politique depuis des années, 4 activistes tchadiens rentrent au Tchad

© Image de Facebook Croquemort

Exilé en France depuis des années, Makaïla Nguebla, Abel Maïna, Tahirou Hissein Dagga et Habib Ben, farouches opposants activistes au régime d’Idrisse Deby ont rentré ce dimanche 5 décembre 2021 dans leur pays natal.

C’est une foule immense qui a pris en otage l’entrée principale de l’aéroport international Hassan Djamouss de N’Djamena ce dimanche soir. Comme dans un rêve, c’est finalement une réalité, l’affaire a fait grand bruit sur la toile ces derniers jours. Les commentaires vont de tous les sens. Des images en provenance de l’aéroport montrent une foule en liesse. « On dialogue avec quelqu’un avec lequel on n’est pas d’accord sur un certain nombre de choses, sinon c’est du monologue », une phrase de Succès Masra, l’opposant hors norme du Parti Les Transformateurs après sa rencontre avec le défunt président Idriss Deby Itno qui avait fait tant de bruit avant sa mort, trouve tout son sens ici. C’est plus ou moins dans cette optique que 4 activistes politiques, après plusieurs années hors du Tchad ont décidé de rentrer dans leur pays natal pour participer au dialogue national inclusif en vue d’ici quelques mois.

Le Tchad vit au rythme d’une transition politique. Le Président Déby meurt au front laissant un vide qui, finalement a été comblé par l’un de ses fils, le Général Mahamat Kaka. Pour beaucoup d’observateurs et opposants politiques, cette transition est assurée par une junte militaire illégitime. Parmi les contestataires farouches à la prise de pouvoir par cette junte militaire se trouvent les 4 activistes. Pour Makaila Nguebla, Abel Maina, Tahirou Hissein Dagga et Habib Ben « participer au processus de dialogue national inclusif notamment la réconciliation nationale » est un pas important pour tous les tchadiens.

Il faut souligner aussi que le Conseil Militaire de Transition du Tchad dirigé par le fils de Déby a également tendu la main à plus de 300 anciens rebelles et amnistier ces derniers jours afin de participer à ce dialogue national. Les 4 activistes tchadiens ne pourront pas laisser passer cette unique occasion de se faire entendre de « l’intérieur ». « Nous nous sommes sentis concernés par l’appel de participer au dialogue national, c’est pourquoi, avons décidé de répondre d’y répondre favorablement », informe Makaila Nguebla.

Rentrer au Tchad, mais pour quelle garantie sécuritaire ?

Connaissant le régime de Deby père et les exactions des droits de l’homme qui se poursuivent jusqu’à aujourd’hui, il est bien évidemment clair de s’interroger sur la sécuritarité des activistes. L’inquiétude des familles, amis et collègues des activistes est plus que légitime : le régime Deby demeure un régime rancunier. Les rapports de chaque année des organisations de défense des droits humains locales et internationales n’ont pas empêché les exactions des droits humains au Tchad. Mais pour Makaila Nguebla, « la parole donnée par le Président du Conseil Militaire de Transition, constitue déjà une garantie fondamentale qui nous a permis de rentrer », pour rester optimiste. Du côté du gouvernement, des avis ont été donnés par le secrétaire d’Etat à la réconciliation nationale Monsieur Katnaguar Aimé : « la politique de la main tenue prônée par le gouvernement de transition est une bonne politique, je pense que ces frères qui ont décidé en toute responsabilité de regagner la patrie ont compris cela », se réjouit-il.

Ce retour, s’il faut le rappeler a été possible grâce à la visite du président du Conseil Militaire de Transition, Mahamat Idriss Déby Itno à Paris le 14 novembre dernier a occasionné une rencontre en privé avec les activistes tchadiens. Ce dernier a sollicité leur retour au Tchad afin de participer au dialogue national inclusif.

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