Masra, un caillou dans la botte du Général Déby

© Parti Les Transformateurs

9 mois après la mort du Maréchal Idriss Deby Itno, alors que son fils, le Général des corps d’armée Mahamat Idriss Deby Itno, alias Mahamat Kaka dirige la transition contre les textes en vigueurs, l’actualité politique du Tchad est mouvementée pendant ce temps. Au cœur de cette actualité en pleine effervescence se trouve un homme : Masra Succès. La bête noire des Déby.

C’est pour la troisième fois que le stade Idriss Mahamat Ouya, le seul plus grand stade du pays a été refusé au Parti politique Les Transformateurs, dirigé par Masra Succès pour un meeting politique. Pour des raisons de travaux de réfection, le meeting des Transformateurs prévu pour le 8 janvier prochain n’aura pas lieu au stade, a souligné le courrier adressé au parti après une procédure normale menée par celui-ci. Alors que son Parti politique reconnu officiellement par les autorités tchadiennes, surtout de la transition, le Parti Les Transformateurs du Dr Masra Succès et les Tchadiens dans leur majorité espéraient que l’espace politique allait enfin être ouverte, ce qui n’a été vraiment le cas en réalité sous le règne du défunt président Déby. Pour une transition apaisée, il était bien évidemment important pour les autorités de transition tchadienne, le Conseil Militaire de Transition de faire montre d’une bonne foi. Et ceci non seulement vis-à-vis des Tchadiens, mais aussi et surtout de la communauté internationale, pourvoyeur de fonds pour gérer cette période. Dans la foulée, l’opération « main tendue » était lancée par les autorités de transition, ou du moins l’opération de séduction et d’achat des consciences pour légitimer une forfaiture. Forfaiture pourquoi ? La junte militaire, refuse de modifier la charte de la transition pouvant aboutir à un dialogue national crédible et sincère à l’issue duquel une élection libre et transparente pourrait aboutir. L’actuelle charte est fortement contestée par une partie de la société civile à l’image de la coalition des organisations de la société civile Wakit Tama (Il est temps, en arabe local) et Les Transformateurs, ces derniers, considérés comme le seul parti politique de l’opposition sérieux en ce moment au Tchad. Pendant ce temps, le général Mahamat Idriss Déby laisse planer le doute sur son avenir à la tête de la transition. Ce qui n’est pas du goût d’une partie des Tchadiens et du Parti Les Transformateurs qui exercent aujourd’hui une pression pour un dialogue national franc, sincère et non à un simulacre de dialogue.

En dehors des autorités de transition (Conseil Militaire de Transition), c’est un Masra Succès déterminé et ses militants Les Transformateurs qui animent de façon constante la scène politique au Tchad. Masra multiplie les sorties médiatiques, se prononce sur toutes les questions de société, commente l’actualité politique internationale et africaine, il assiste à un match de basketball, de football, fais ses apparitions à des concerts ou festivals… Du haut de son « balcon de l’espoir », c’est une immense foule en transe du pied de son immeuble situé au quartier populaire d’Abena qui l’applaudit à chacun de ses meetings à son domicile qui sert de siège du parti. Masra est omniprésent ! Ses directs facebook rassemblent des centaines de personnes. Il domine les réseaux sociaux (Facebook et Twitter). Masra, comme traduit si bien son nom en langue Sara « je peux le faire » se dresse contre toutes les forces du camp adverse, faisant ainsi l’objet de toute forme d’injustice. Mais alors, pourtant les mains nues, ce jeune politicien y crois fermement parce que pour lui, il y a une seule chose : Qu’il peut le faire ! Il est obsédé par une envie pressante de « transformer le Tchad », comme il le dit souvent d’ailleurs. Pour lui, le Tchad a besoin d’être « transformer ». Que le pays a besoin des « dirigeants serviteurs »… Dans une sortie récente sur les personnalités qui auraient marqué l’année 2021 au Tchad, l’artiste slammeur Croquemort encense Masra Succès : « Dans une sphère où la politique, pour les partis, ne se résumait qu’aux élections, Masra Succès est venu donner un autre visage à la chose. » Dit-il, avant de poursuivre : « Pour la première fois, le jeune tchadien lambda découvre qu’en fait la politique, ce n’est pas juste la campagne électorale mais un travail à temps plein. Il découvre en même temps que les voix ne se monnayent pas et que le vote est pour élire celui qui va changer les conditions de citoyens et non pas celui va distribuer des billets ou des postes. » Face à de nombreuses pressions, les autorités de transition ont finalement accepté d’autoriser les manifestations pacifiques des Transformateurs durement réprimés il y a quelques mois en arrière, mais ces derniers ont toujours la crainte de voir un Masra Succès « remplir » le plus grand stade du pays, signe d’un opposant destiné à être président de la république. Sa popularité prend de plus en plus de l’ampleur, non seulement au Tchad, mais aussi en dehors, dans la diaspora tchadienne… « Il séduit la population et est vu comme l’Homme politique le plus populaire du Tchad », ajoute le Slameur Croquemort, et de continuer : « D’abord il va donner du fil à retordre à Idriss Deby (père) qui, malgré ses intimidations et le gaz lacrymogène, avait commencé à perdre le sommeil face aux Transformateurs de Masra Succès jusqu’à sa mort. Son fils qui lui succède hérite de son fauteuil mais aussi de ses insomnies face aux Transformateurs. Il est le seul que Mahamat IDI n’a toujours pas réussi à pêcher car son prix n’est ni un poste, ni de l’argent. » Conclut-il.

Face à la pression du Parti Les Transformateurs qui, au lendemain de leur interdiction à tenir leur meeting au stade de N’Djamena ont tenu à braver cette interdiction, les autorités de transition (le CMT) ont accepté à titre « exceptionnel » d’autoriser Masra Succès et ses militants à tenir cette manifestation politique au stade.

Le Général Mahamat Idriss Déby Itno a réussi à convaincre une grande partie des voix discordantes au pouvoir de son père à le rejoindre pour mener à bien sa transition. La seule équation qui est au-dessus de lui reste l’équation Masra. L’acharnement contre ce dernier, le refus de lui laisser un espace d’expression à répétition montre clairement le peu de sérieux des autorités de transition à mener à bien cette période. Cependant, il est donc clair que si Masra Succès n’était pas dans l’arène politique du Tchad, si le parti Les Transformateurs n’existait pas, le Général Mahamat Déby n’allait pas faire semblant de mener une transition à l’issue de laquelle il se serait retiré pour laisser le pouvoir à un civil. Il se serait simplement couronné Roi !

We use cookies to give you the best experience. Privacy & cookie policy